La rupture du sens
Je sais ce que je fais et pourquoi je le fais, et j’ai tout de même le pouvoir de choisir, de changer, d’agir d’une façon à pouvoir l’améliorer, malgré les contraintes de l’environnement personnel qui m’entourent. Ces mots-ci contiennent au moins trois ingrédients qui semblent vitaux, doués d’une force nécessaire à pouvoir surmonter les vicissitudes de la vie :
- Primo, le sentiment d’un sens global de mes occupations / obligations les plus préoccupantes, selon la fonction « temps » (de ma vie quotidienne) ;
- Secundo, le sentiment de pouvoir modifier favorablement certains de ces éléments et/ou ma disposition (attitude) les concernant, pour amener un changement, réel, car effectué, donc ressenti ;
- Tertio, la capacité de « mettre en vie », en mouvement, en motion sur le registre imaginaire ce changement / cette amélioration / ce soulagement espéré, et tant nécessaire, puisque cela m’est vraiment indispensable.
Si l’un de ces trois éléments m’échappait, pour une raison ou une autre, il se pourrait que le « ça ne va pas » prenne le dessus. Par conséquent, il pourrait y avoir rupture chronique du sens, et donc de ma raison d’être – de ma raison d’être là encore. « À quoi bon ? »
L’accumulation de souffrance crée un sentiment de non-sens, une douleur intolérable, une pression insupportable. Cela peut s’articuler comme « je ne peux plus », sur une déclination de « j’ai envie d’en finir ». Ceci équivaut à un non-choix sui generis, faute d’en repérer un de meilleur sur l’horizon immédiat.
Quand le fantasme suicidaire émerge, il peut envahir le champ psychique ; et surtout, lorsque je ne peux plus imaginer – c’est-à-dire « mobiliser » l’imaginaire et « habiter » un changement possible – cet ingrédient critique qui apporte de l’oxygène à une perspective nouvelle, et donc à ma vie, ici et maintenant, telle que je la vis « aujourd’hui ».