Nos choix peuvent nous réconcilier avec un désir profond qui existe au-delà de notre quotidien, désir dont le sens n'est accessible qu'à travers les choix qu'on effectue chaque jour. 
Simplifions l’idée : choix égal acte égal sens. C’est la « visée » habituelle. Et quand le sens n’est pas au rendez-vous… à savoir choix égal acte égal contresens. Que fait-on alors ? 
Lorsque nos actes ne correspondent pas à ce que nous savons être nécessaire pour notre épanouissement, nous devenons « divisés ». L’image de soi à laquelle cela nous revoie peut être une « déception » passagère – on prend du recul et on corrige le « tir » – ou bien une "déception" plus permanente, car on réagit de façon erronée, le recul est partiel ou mal engagé et la « réactivité décisionnelle » nous mène vers une place, elle aussi, mal assortie. Le contre-sens perdure. 
A terme, la contradiction apparente de notre comportement, s’il persiste, peut engendrer une forme d’antagonisme... au point que nous devenons peu à peu en désaccord avec nous-mêmes. Notre « cœur » n'y est pas, ou plus. Il se sent mécontent. Nous mésestimons notre capacité de bien choisir, ou, pis encore, nous nous mésestimons nous-mêmes. Et à force d’insister dans le contre-sens… notre vie devient morne, ennuyeuse, et risque même de se vider de sa vitalité. Nous pouvons alors devenir « inapte » à bien choisir – à savoir « choisir autrement » – et finir par le croire. 
Pour réconcilier ce qui est devenu antagoniste, il s'avère alors crucial d'amener à la conscience le « contre-sens » qui entrave notre chemin de développement.

L’après-coup et l’inaltéré 

C’est à l’abri de la motion du monde, dans un moment lent de répit, dans l’étang espacé d’un après-coup, que peut émerger « l’inattendu ». L’inattendu « en nous » autour duquel les questions orbitent, fusent, foisonnent. Nous nous demandons « comment suis-je arrivé là ? » et parfois « pourquoi là, encore !?...». Comment avons-nous fait pour creuser le trait de la répétition avec autant d’insatisfaction ? 

Pour quelle raison un tel choix à un tel moment en particulier ? Le monologue intérieur peut aller loin. En proie à un vague sentiment de déjà vécu, déjà-vu, nous nous demandons si notre jugement a été obscurci par une ombre (mais laquelle ?) lors de telle ou telle prise de décision. Sur l'horizon, une vague lueur d’indicible peine à émerger. Sa texture, hors de notre portée, est peu perceptible. Sa forme – pas plus familière qu’un visage – deviné à travers la brume. Cependant, si l’on a le courage d’y rester, si l’on persiste dans ce face-à-face initial, alors, arriveront en cortège des bribes d’émotion, des fulgurances et une mosaïque pétrie de sentiments, de souvenirs et de sensations aussi « bigarrées » que le récit de notre vie est aussi « riche en couleur ». Peu à peu surgissent d'autres questions, d’abord en pointillé, filantes, dont certaines s'enkystent, se figent et se brisent devant la répétition « du même au pareil », de l’« inaltérable » et l’« inaltéré ». Nous aurons alors du mal à repousser un certain sentiment d’impuissance ; et à résister à une lassitude bancale qui semble tenir à si peu de chose. 

Une trajectoire de sens 

Afin de situer l’article dans un cadre, précisons de quel processus nous parlons. 
Choisir : c’est un processus qui va de l'intérieur vers l'extérieur. Chaque choix comporte au moins une « visée » et une « cible ». 
La « visée » dit rarement son vrai nom. Quant à la « cible », elle en dit plus long, mais ce qu’elle dit demeure une réponse partielle sur la raison du choix. 
Dit autrement avec d’autres mots, les raisons implicites de nos choix (leur visée) sont liées au sens recherché. Mais quelle est la visée au-delà de la cible ? Bien souvent la visée se cache au fond d’un tiroir intime, un fond « caché » et tenu peu ou prou secret. Il convient de préciser : la cible n’est pas la visée. 

Afin que la « visée » que nous souhaitons atteindre dans le monde extérieur soit celle qui nous amènera ce que nous désirons intimement, nous nous devons de nous connaître mieux. Alors, il devient possible de mesurer la pertinence de nos choix – le tir – et ainsi, de donner un cadre, afin que la « visée » et la « cible » se conjuguent en faisant sens. 

Pour comprendre les contre-sens, il s’agit de remettre en question le cadre :
la visée – c’est le désir profond qui veut notre épanouissement ;
la cible – c’est l’objet par lequel on souhaite « assouvir » notre désir ; 
le tir – c’est l’endroit indicible d’où part le choix éventuel : idéalement parlant, c’est la place intime d’où émane le processus de notre individualité ;

le « sens » - ce n’est rien d’autre que la « trajectoire » qui compose le mouvement de l’ensemble du corps vers son devenir.

Ainsi, le sens relie la personne qui tire, à travers sa cible, à ce mouvement qui, lui, est en adéquation avec le sens singulier de son désir intime. 

Qui ne voudrait pas que sa voie avance en ce sens ?... 

Question : comment changer l’automatisme apparent de nos choix ?

Réponse : savoir pour quoi et pour qui nous choisissons « ceci » au lieu de « cela » devient le point zéro – ou la place opportune – d’une mise en question édifiante de nos choix passés et, donc, l’opportunité d’octroyer du sens à nos choix futurs.