Si la confiance est une graine féconde, l’encouragement (sincère et opportun) assure sa reproduction. Disons-le clairement, l’encouragement (par mot, geste ou regard) est l’acte qui féconde, renouvelle et ranime la confiance en soi. Mais c’est aussi cette voix qui dit : je te reconnais, toi, là où tu es ; je reconnais qui tu es et ce que tu fais là à présent ; et je te dis ceci : continue ainsi, c’est bien. Cette reconnaissance bienvenue qui émane de l’acte d’encouragement caresse, renforce et revalorise l’estime de soi.
La relation qui unit la reconnaissance et l’estime de soi ressemble à celle qui unit le regard bienveillant de l’adulte et la confiance naissante chez l’enfant. C’est l’un des incontournables de son développement. Bien sûr, nous parlons ici de la confiance qui, tout comme le dépassement de soi visé plus tard, est tout intérieur, tout invisible, tapis imperceptiblement à l’ombre de son intimité.
À coup sûr, il existe entre la confiance et l’encouragement une « causalité réciproque ». Telle la lumière engendre la chaleur, l’encouragement éveille la confiance. Ce que l’une renforce, l’autre le revigore. Et main dans la main, le cercle vertueux n’est pas qu’un simple fantasme positiviste. En terme biologique, on parlerait d’une relation presque symbiotique (sans parasite aucune).
Au final, la confiance est organique. Elle est végétale. Et végétale, la confiance a toujours besoin d’être d’abord insufflée, puis nourrie, stimulée et ensuite encouragée ; elle doit pouvoir être testée à proximité et protégée à distance, et parfois même ranimée à la vie et soutenue d’une manière régulière et insistante, pour qu’elle puisse à nouveau prendre son envol vers le monde.
En matière de nourriture naturelle, la vie réclame à minima son lot d’eau et de lumière. De même, en matière de nourriture humaine, c’est l’encouragement actif (par mot, geste ou regard) qui demeure la source vivante qui alimente et ravive la graine de confiance cachée au sein de chaque vie. Mais celle-ci risque de mourir lorsqu’elle est vulnérabilisée et érodée par le découragement. Attention, ce qui meurt n’est le plus souvent ni l’organisme, ni l’être. Le corps et le cœur battent toujours. Les cils clignotent. Là, c’est bien plus insidieux, plus subtil, plus imperceptible. Puisque ce qui meurt le plus souvent, avant tout le reste, n’est pas le visible, mais l’invisible. En somme, il s’agit de la mort de cette foi intime en soi. Et l’envie de vivre. Qui une fois perdue, annonce son propre incapacité à résister – à un autre « échec », à une autre « défaite », à une autre « réjection », à une autre « humiliation ». Et l’on n’ose plus vivre du tout !
L’encouragement ? Oui, évidemment, car il est vital. Vitalisant. Mais pourquoi ? Parce qu’il unit trois nécessités affectives – des besoins impérieux pour la vie des êtres humains :
- la reconnaissance de la personne, telle qu’elle est, dans l’instant présent, in situ ;
- cette reconnaissance agit sur l’estime de soi – éveillant ainsi la confiance en soi ;
- et, puisque cet acte d’encouragement m’épaule, se voit renforcé aussi le lien bienveillant que je partage avec autrui, renouvelant d’une manière réciproque ma confiance dans mes semblables (on parlera ici de l’interdépendance).
Un simple mot d’encouragement, énoncé au moment opportun, et qui touche sa cible en stimulant la confiance de la personne, est un acte généreux, non intéressé, propice à souffler sur les braises de la vie indicible à l’intérieur. Cela vaut, sans doute, bien plus que mille compliments insincères.